Chaville au XXe siècle

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En 1803, le premier recensement de la population dénombre 525 habitants à Chaville dans 105 foyers, répartis entre le vieux village près de l’ancien château des Tessé, le long de la Grande Rue dans le Bas Chaville et au quartier du Doisu où se trouvent les blanchisseries près du ru de Marivel. Le tiers de l’espace communal est cultivé, le reste étant en forêts domaniales.
En 1813, le quartier du Petit Viroflay, situé entre Chaville et Sèvres qui est géré depuis plus d’un siècle par la paroisse de Viroflay, d’où son nom, est réattribué à la commune de Chaville lors de l’établissement du cadastre napoléonien. En échange, Viroflay obtient un territoire du Haut Chaville composé des domaines de la ferme Gaillon et des Haras.
En 1832, une épidémie de choléra fait 40 décès (3% de la population) des centaines de victimes à Chaville, dont le maire, par suite d’une pollution due aux eaux infectées du ru de Marivel.
En 1838, deux lignes de chemin de fer reliant Paris Saint-Lazare et Paris Montparnasse à Versailles sont construites. Elles traversent Chaville sur les deux coteaux de la vallée, en limite des forêts. De nombreuses propriétés sont scindées, comme le parc des châteaux, et il est nécessaire d’adapter les chemins communaux aux nouveaux talus et tranchées.
En 1849, le Conseil Municipal autorise la vingtaine d’établissements commerciaux chavillois d’ouvrir une heure de plus chaque jour pour satisfaire les promeneurs parisiens commençant à venir en forêt de Meudon suite à l’ouverture de la gare Chaville Rive Gauche.
En 1851, le tracé, par le lieu-dit du Trésor, du chemin d’intérêt commun entre Chaville et Bièvres est adopté permettant de relier Chaville et Vélizy.
En 1855, le Conseil accepte l’installation dans la Grande Rue, près du Puits sans vin, d’un orphelinat de jeunes filles et d’une école tenus par des religieuses. C’est le début de ce qui va devenir l’institution scolaire catholique Saint Thomas de Villeneuve.
En 1862, la compagnie parisienne du gaz commence à installer des canalisations à Chaville pour amener le gaz pour l’éclairage dans les rues principales et chez quelques particuliers. Cette même année, la grande bâtisse de l’ancien maire Joseph Cazalot, à la Mare Adam, est vendue à l’abbé Le Prévost, fondateur de la congrégation de Saint Vincent de Paul, et va prendre le nom de château Saint Paul où un noviciat s’installe.
En 1867, le ru de Marivel est couvert sur la totalité de son cours à Chaville afin de réduire les maladies contagieuses provenant de l’insalubrité de ses eaux.
En 1870, les Prussiens, en guerre contre la France, encerclent Paris enfermant près de deux millions de Parisiens et banlieusards qui s’y sont réfugiés. À Chaville, où 100 habitants sont restés sur 2 500, des milliers d’occupants prussiens installent leurs cantonnements. Les maisons inoccupées sont pillées, les cultures dévastées et certains arbres des forêts coupés pour faciliter le blocus prussien.
En 1883, la propriété Fourchon est morcelée et mise en vente par lots. Cinq avenues nouvelles sont créées dans ce parc privé.

Chaville de 1945 à 2000

En 1901, le nouveau cimetière communal est créé en forêt de Meudon. Toujours, en 1901 la loi de suppression des congrégations religieuses rend obligatoire la cession du Parc et du château St Paul par les religieux.aux domaines..En 1902, la nouvelle ligne électrifiée de chemin de fer entre Issy-les-Moulineaux et Viroflay est mise en service. La gare de Chaville-Vélizy est située sur la commune de Viroflay après la sortie à l’Ursine du tunnel venant de Val Fleury à Meudon.
En 1904, la distribution d’électricité arrive à Chaville exploitée par l’entreprise Ouest Lumière.
En 1908, la mairie de Chaville s’installe dans une grande maison entourée d’un parc surplombant la Grande Rue près du carrefour du Puits sans vin, suite à la vente du lotissement Lefebvre. De nouvelles voies  sont créées à cette occasion : boulevard de la République, rues Curie et Berthelot. 
En 1911, une nouvelle école maternelle est créée au Doisu sur la Grande Rue, qui deviendra plus tard l’école des Capucines..
En 1921, un monument aux morts pour la France est inauguré au nouveau cimetière en hommage aux 180 Chavillois morts pour la Patrie pendant la Grande guerre de 1914 à 1918 entre la France et l’Allemagne.

.Entre les deux guerres mondiales, la population chavilloise fait plus que doubler, passant de 6 000 habitants en 1920 à 13 000 en 1940. Cet accroissement résulte principalement de lotissements de zones pavillonnaires sur les  coteaux et à l’Ursine avec dans le Bas Chaville : lotissements du Clos de la Source, du Bouquet et des Coteaux de Chaville ; dans le quartier de la gare Rive droite : lotissements du parc Lefebvre qui se complète et Julien dans le bas de la rue Alfred Fournier ; aux Petits Bois : lotissements des Prés Aubry et du Mesnil ; au Doisu : lotissements des rues de la Passerelle et Ernest Renan ; autour de la gare Rive gauche : Lotissements de la rue de l’étang Saint-Denis et de l’avenue de Bellevue (8 Mai) ainsi que celui de Saint Paul autour du château de même nom ; à l’Ursine : lotissements de la Société Foncière de Chaville-Vélizy-Villacoublay du Petit Bocage de Chaville.

Suite aux conséquences de la guerre un hôpital est créé dans la maison dite de « L’Ermitage » l’hôpital 110.. Il est géré par des sœurs et les dons provenant principalement par l’Union des Femmes Françaises (UFF). Une école d’infirmières est ouverte par les localités de Chaville et Viroflay. L’UFF deviendra une des composantes de la Croix-Rouge.
Une nouvelle Association va prendre possession des lieux jusqu’en 1927, il s’agit de L’Œuvre Française de Protection des Orphelins de la Guerre. Cette œuvre, comme son nom l’indique, regroupe les orphelins ou les enfants de militaires ou de civils gravement blessés ou malades des suites de la guerre. À Chaville elle entretient deux maisons L’Ermitage et Le château St Paul. L’Ermitage sera aussi appelé « maison José-Marty » (nom lié à un grand patriote cubain). Cuba ayant été le premier contributeur de cette installation, tandis que le château St Paul prendra le nom de Léon Bourgois. Différents orphelinats sont créés à Chaville, dont celui dit du château de la Source, Grande Rue, (fait par Simone Gardey : tante Yvonne). Celui de St Thomas de Villeneuve, celui des Sœurs de St Vincent de Paul, Grande rue,
Chaville est occupée par les Allemands de 1940 à 1944, période très difficile pour les habitants. Aucun bombardement n’est recensé, mais des bâtiments publics telle l’école ferdinand-Buisson sont dynamités.

CHAVILLE DE 1945 À 2000

Chaville est libérée le 25 août 1944 et voit le passage d’une colonne de chars de la division Leclerc..
Hormis le dynamitage de l’école Ferdinand Buisson, Chaville sort relativement indemne de la guerre malgré la proximité de points stratégiques fortement bombardés comme les usines Renault de Boulogne et Meudon ou la base aérienne de Villacoublay..
Au lendemain de la guerre, Chaville se trouve confronté à un habitat vieillissant dans son centre (Avenue Roger Salengro, Doisu, quartier de la Mare Adam) et a du mal à faire face aux besoins de sa population en constante augmentation (de 12 500 en 1936 à près de 17 000 en 1962). Malgré quelques initiatives privées pour faire face aux besoins les plus criants (cité d’urgence Emmaüs, en 1954, aux Châtres-Sacs, groupe immobilier « Vivre » près de l’Ursine en 1954 par l’Association Populaire du Logement, …), la situation reste tendue et amène la municipalité à partir de 1955 de concevoir un programme ambitieux de rénovation de ces quartiers, permettant à la fois de résoudre la problème de logements insalubres et de faire face à la demande croissante de logements. Cette rénovation permet en outre d’exploiter des terrains encore non bâtis entre l’avenue Roger-Salengro et la voie de chemin de fer de Montparnasse avec la création d’une nouvelle voie de circulation (la rue de la Fontaine Henri IV).
Il faudra près de 10 ans pour voir la mise en œuvre de cette rénovation qui se traduit par la disparition de quartiers entiers de la ville au bénéfice d’une urbanisation moderne, composée de barres d’immeubles le long des artères principales : avenue Roger Salengro, rue Anatole France dans le quartier de la Mare Adam. Dans ce dernier quartier, cœur historique de la ville, des destructions irrémédiables amènent successivement la disparition de l’église du vieux Chaville et de son château (1966).
La nouvelle municipalité élue en 1971, réagissant face à la dérive du coût important de cette rénovation pour la ville lui donnera sa dernière inflexion avec la construction d’immeubles de grandes hauteurs (1 et 3 rue du Gros Chêne) afin de limiter la multiplication des immeubles et l’emprise au sol de ces bâtiments (création du square du Doisu).
La rénovation de ces quartiers (pas totalement achevée par rapport aux plans initiaux) constituera un véritable traumatisme pour nombre de Chavillois en faisant disparaître les traces les plus marquantes de son passé.
La croissance démographique de la ville oblige la municipalité à enrichir considérablement les équipements publics de la ville, notamment les équipements scolaires : ultime agrandissement de l’école Paul Bert (1959-1961), construction du nouveau groupe scolaire Anatole France à la place de l’ancien château (1966-1967), projet (non abouti) de surélévation de l’école Ferdinand-Buisson, construction des écoles maternelles que nous connaissons aujourd’hui : école du Muguet (1959-1961 puis agrandissement en 1977-1979), école des Iris (1966-1967 conjointement au groupe scolaire Anatole France, agrandissement en 1975), école des Jacinthes (1972), école des Myosotis et des Pâquerettes (1978). Par ailleurs, pour répondre à l’évolution du système scolaire et de l’allongement de la scolarité obligatoire, un CEG (Collège d’Enseignement Général) puis un CES (Collège d’Enseignement Secondaire) sont construits avenue de la Résistance (respectivement, en 1958 et 1967).
Par ailleurs, la rénovation de l’avenue Roger Salengro et du quartier du Doisu accélère la disparition de la principale industrie vieillissante de Chaville : la blanchisserie. Bon nombre d’entre elles ne survivront pas à la rénovation du quartier et la dernière disparaitra en 1990 (blanchisserie Cardon). De même, cette rénovation associée à une évolution des habitudes de vie (notamment avec le développement de grandes surfaces comme le Monoprix de Chaville et l’ouverture du Centre Commercial Vélizy-Villacoublay 2 en 1972), amènent à une disparition progressive du caractère très commerçant de la commune.

Michel Josserand