Le Puits sans Vin.

Chaville a ses contes et ses mystères, parmi ceux-ci un des plus profonds, est l’origine du nom du Puits sans Vin.
Essayons une approche qui vous permettra d’avoir votre propre opinion sur cette affaire.
Plantons le décor, le Puits sans Vin était un établissement qui se situait à l’intersection de l’avenue Roger Salengro et de la rue Anatole France. (ex grande rue et rue de l’Église) On suppose qu’une guinguette s’est établie en ces lieux à la fin du XVII e siècle. Elle était bien située car elle accueillait les voyageurs et les rouliers allant à Paris ou à Versailles. Transformée en café restaurant, celui-ci a cessé ses activités dans les années 1990 après que la mise en place d’un réseau pluvial (1991) l’ait rendu inhabitable (1992). Sur son emplacement s’élève un immeuble (2009) occupé par des logements sociaux et l’A.P.E.I.
Il est évident que le premier propriétaire utilisait le puits situé à gauche de son établissement dans la rue Anatole France et bien entendu c’était un puits sans vin. (Le puits fut observé par le signataire avant son comblement lors de la construction de l’immeuble.)
D’autres versions viennent troubler cette évidence :

Traversant le bois de Meudon, accompagné de son escorte le roi Louis XV s’arrêta un jour non loin d’une petite taverne.
Un gentilhomme partit demander au maître des lieux de servir à la troupe royale de quoi se rafraîchir.
Hélas, le vin nouvellement mis en tonneaux n’avait pas assez de finesse pour être dégusté et le tavernier offrit l’eau de son puits : le roi et les siens en burent
À la suite de cette royale visite, beaucoup de gentilshommes qui faisaient des parties de chasse venaient se reposer à la taverne et y goûter le vin qui était devenu exquis. Ce sont eux qui l’auraient sans doute appelé  » le puissant vin » ou  » le puits sans vin » (problème de phonétique)
Enfin une version plus récente : en fin du XIX e la mode était aux rebus, et l’enseigne comportait un puits avec les numéros 100 et 20 ;ce qui se traduisait par le puits 120 exprimant ainsi le souci du tenancier à offrir un « puissant vin ».

Enfin une dernière hypothèse, une des premières fontaines publiques installées à Chaville fut accolée à la guinguette ce qui a pu donner au « titi chavillois » l’envie d’ironiser en allant chercher l’eau à la fontaine, de dire qu’il allait au Puits sans Vin.

Mais cette discussion a déjà presque 100 ans puisque le Figaro du 21 août 1922 donne pour origine de ce cabaret : Un vieux tournebride déjà célèbre au temps des postillons et à l’époque du grand roi, sous le nom du « Puits sans Vin » Information que dément le lecteur du « courrier des lecteurs et des curieux » qui indique que dans sa jeunesse l’établissement s’appelait le « Puissant Vin« 
Nous avons aussi une inconnue sur la datation des personnages, sont-ce des sujets du XVIII e siècle (louis XVI) tel qu’indiqué dans le magazine de Chaville (de 1971), ou des statues des années 1850 ?
Toutefois tout le monde est d’accord sur la description des personnages :
Un joueur de flûte portant tricorne, une femme court vêtue qui danse et un homme avec une bouteille qui fête quelque chose …le puissant vin sans doute ?

Ces personnages laissent supposer qu’il régnait dans l’établissement une très bonne ambiance et que l’on pouvait y boire à satiété et danser au son de la musique

Mais laissons la place à Rémi SOULES en 5 e au CES Jean Moulin en 1973 qui met tout le monde d’accord dans son petit poème :

Le Puits Sans Vin.
Hier, au puissant vin
Aujourd’hui au Puits sans Vin
Demain, au puits cent vingt.
Hier au bord d’un chemin rocailleux
Aujourd’hui au bord d’une route goudronnée.
Demain, au bord d’une voie express.
Hier, une auberge
Aujourd’hui un café restaurant
Demain, un motel.
On construit, on démolit, on reconstruit, et l’on recommence…
C’est l’aventure de l’homme.

Il est à noter :
Qu’en se référant aux sources connues, le bâtiment photographié daterait des années 1820. En 1832 le sieur Bernard se plaint au maire que son puits est pollué par le non entretien du ru de Marivel

L’A.R.C.H.E. remercie nos Magistrats, qui par la restauration des figurines, leurs remises en place sur leur lieu de naissance et par leur protection, ont su garder et rendre aux chavillois un lieu emblématique de leur ville.
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P. Levi-Topal

Sources principales : A.R.C.H.E., bulletin Chaville 56 de 1971 et 69 de 1973, Pierres Vivantes janvier et février 1965