MORVAL
ÉTYMOLOGIE
D’après le chaville magazine 53 de sept 1969, l’étymologie de Morval découlerait des mots latins Mortisvallis : le val des morts. Si pour Henri de Varigny ou Ricouart,: le mot val va tout seul, mor représente parfois le murus latin , muro cinctus soit un lieu ceint d’un mur fortifié. Mais nous avons aussi Val de, lieu venant d’un nom franc ou latin (Merulfus, Moherus) (Maurinus, maurontuis). Ce qui conduit que morval signifie vallon de Maurontuis ou du porteur de d’un nom franc ou latin analogue.
Enfin certains font la synthèse des deux, comme dit le bulletin philologique et historique qui précise que morval est composé d’un nom d’homme suivi de val tel Bougival, Thiverval ou mortefontaines qui serait à l’origine Morfontaine.
Le même ouvrage indique un peu plus loin que ces noms se rapportent à des territoires d’une étendue limitée au fond de dépressions correspondant peut-être à une nouvelle étape de peuplement.
Les domaines de l’époque franque se développèrent dans les régions forestières ou broussailleuses non encore colonisées à l’époque gallo-romaine. Tantôt on se trouvait en présence d’étendues compactes où se pressaient plusieurs domaines ; tantôt d’une région boisée, anneau entourant une clairière occupée par une villa gallo-romaine. Partout le domaine gallo-romain a subsisté : les établissements de l’époque franque apparaissent non pas comme des démembrements des domaines plus anciens mais comme des créations tout à fait nouvelles dans des régions jusqu’alors inoccupées. Ces domaines se groupent en zones compactes à l’est du Val de Galye et du pays de Crye, tel Morval à Chaville.
Un peu plus tard (du XIIIe jusqu’au XVe siècle) le château et les ouvrages défensifs s’élevaient sur une éminence : moncel, tertre ou motte. C’est le cas de la butte de Morval.
BOIS ET FONDS DE MORVAL
SITUATION GÉOGRAPHIQUE DE MORVAL
Grossièrement Morval se trouve à l’est du fief de chaville. Il fait tampon entre Meudon et Chaville.
Sur la carte de Lemoine, Morval se décompose en quatre parties, du sud au nord, les costes de Morval, le fonds de Morval, le bois de Morval, la butte de Morval.
Les « Costes » se trouvent près des hauteurs de Colin Porcher (le Grand Rond) ainsi que le fonds de Morval, les deux descendant jusqu’à la route de Normandie, le bois chevauche le chemin de Meudon (route des gardes), tandis que la butte se trouve au sommet de la route de Meudon à côté de la Porte Dauphine
Sur la carte de Lerouge il ne reste que les fonds de Morval, terrains compris entre l’ancienne route de Normandie au sud, la route des Gardes au nord et les fonds Cramoisy et le parc au vignes à l’ouest.
La superficie est alors réduite de moitié.
La partie débordante au nord la route des gardes est annexée à la garenne de Sèvres.
MORVAL DANS QUELQUES ÉCRITS
1220 janvier (AN O 3830), Constantia de Chaville vend à l’Hôtel Dieu « demy arpent ue prèque aunay à Morval ».
1250 Janvier, Guibertus (Constancia) de Chaville et sa femme vendent moyennant 4 livres parisis et deux deniers de cens un dei arpent de prè au lieu dit Morval à un nommé Simon dit le cuisinier et à Adeline son épouse (Lacoste)
1274 Jean le Couturier donne au seigneur de Chaville un arpent au Morval
1361 14 décembre, Anne Duprè, dame de Bourgoing, donne un demi-arpent de bois taillis au Morval
1365 « demy arp.que prés que aulnay à Morval.
1409 « sur la fontaine de Morval » ; aunoy on gastine en moreval »
1591 Aymery
1608, le bois Giffard à Sèvres « tenan de part et d’autre au deux chemins de Morval, tend au grand chemin de Paris » (AN O 3835 1.2).
1657 Le Tellier achète la partie de Morval comprise entre l’ancien chemin de Paris Normandie et la route des Gardes (200 arpents avec le Parc aux vaches). Il pourra l’inclure dans ses murailles le 13 février 1675
1679 les ponceaux de Morval proche le grand chemin de Paris (AN O 3827)
Le 25 octobre 1685, il est fait état d’un mesurage de plusieurs pièces de bois et près , la quantité de 136 arpents qui ont été enclos dans l’année 1678 y comprendre le parc aux vignes jusqu’au parc de Meudon tenant d’un coté au mur qui conduit le chemin de Paris à Versailles d’autre coté à la grande cavée de Morval et au parc d’Ursine
On retrouve aussi Morval par exemple dans le mariage de Coqueret, peintre du Roi, officier principal, (1735- 1807), Il épouse le 6 février 1769 Therese Nicolle Sophie Joubain dont le père François Joubain est dit Seigneur du Doizu, Morval , les Alvaux… (la mère de l’épouse était une Forgeron). C’est la partie de Morval qui sera ultérieurement incluse dans la Garenne de Sèvres.
La tranchée de Morval est désignée par les anciens sous le nom chemin de Bretagne.
BUTTE DE MORVAL
En 1916, H. Houry qui dirigeait les travaux de protection d’une fabrique de grenades s’intéresse à une butte d’un diamètre de 20 m et de 10 m de hauteur. Ce tertre était destiné à pourvoir en terre la construction de protection des ateliers. Avisée, l’Association Préhistorique de France, délégua le Docteur M. Baudouin paléoethnologue qui reconnaît que l’on se trouve sur une « Motte Féodale ».
Les pierres cassées, recueillies dans une tranchée pratiquée sur un des flancs de la butte ne présentaient pas la patine de celles rencontrées habituellement dans les monuments préhistoriques et on voyait qu’elles avaient été cassées par des instruments de fer. De là, il fut constaté, une chaussée qui conduisait à une deuxième butte dont seul le fossé subsistait en partie.
Cette chaussée surélevée de 240 m de long, servait de chemin de communication entre les deux buttes.
De ces buttes, en élaguant quelques branches, on pouvait observer la vallée et assurer la défense du passage. Dépourvues de débris de maçonnerie, tout concorde à considérer cet ensemble comme une fortification des premiers âges de la féodalité.
Dessin du Magasin pittoresque de 1910 modifié par H Houry
Si cette motte féodale ne semble faire aucun doute, elle pourrait comme de nombreuses autres architectures être bâtie sur un ouvrage plus ancien.
Monsieur Coulon, garde général des Eaux et Forêts désigne dans une notice cette motte sous le nom de Butte de Morval. Dans la description qu’il emprunte à l’article du Magasin pittoresque l’auteur dit que cette butte pourrait être un tumulus et des fouilles approfondiraient cette hypothèse.
Monsieur Houry note que cette idée était sans doute venue à quelqu’un car il observe qu’une tranchée ouverte sur le flanc de la colline a été conduite jusqu’au point central sans pénétrer suffisamment. Cette tranchée d’après monsieur Coulon aurait été faite par un capitaine du Génie de Versailles. Mais il aurait buté sur un mur de pierres réuni par un mortier de couleur rouge.
Monsieur Perrault-Dabot, Inspecteur général des Monuments historiques, est l’auteur de l’article paru en 1910 dans le Magasin pittoresque N° 24. Il le fait savoir dans une rencontre qui a lieu chez Monsieur Mareuse , secrétaire de la Commission des Inscriptions parisiennes le 12 novembre 1915, en indiquant que la guerre avait interrompu les fouilles. Il dévoile aussi des photos et un mémoire. Monsieur Perrault-Dabot avait « inventé » la Pierre aux Moines et eut son attention attirée par un monticule de forme particulière et que cette butte, visiblement élevée de main d’homme, pouvait être un tumulus. Il entreprit des fouilles après en avoir averti Monsieur Coulon, garde général des Eaux et Forêts. Il remarqua une tranchée qui conduisait à une sorte de puits central; il fit élargir ce puits et arrivé à une profondeur de 6,5 m constata la présence d’une sorte de banc de maçonnerie grossière, très difficile à percer, et sur laquelle des outils s’ébréchaient. (1911) Ses crédits épuisés, il protégeât le puits en ajoutant que les fouilles, à part quelques débris de poteries ou d’instruments en fer, modernes, n’ont livré aucun objet intéressant.
Leurs conclusions furent en 1916 : Ce dont il faut s’étonner c’est que deux personnes signalent la butte de Morval au même moment, mais que placée sur le chemin des Gardes, vieux chemin toujours fréquenté, et figurée sur le plan de Lemoine, n’ait jamais été signalée jusqu’à cette date
Depuis, cette date, la seule référence associée à Morval est l’assertion qu’il a été trouvé en 1975, par J. Mendoza, une hache polie (article non publié, l’emplacement non précisé).
P. Levi-Topal